C'est l'histoire de la directrice d'une agence de pub qui a voulu "secouer" un de ses salariés âgé de 28 ans pour qu'il accepte d'arriver au bureau avant 11 h 30 et qui s'est entendue répondre : "C'est pas de ma faute, c'est mon biorythme." C'est l'histoire de la responsable d'un magasin de luxe qui a trouvé son employé affalé dans un fauteuil en vente, un café à la main et a entendu :"Ben quoi, je suis en pause." C'est l'histoire de la responsable des ressources humaines d'une grande entreprise de bâtiment à laquelle un jeune conducteur de travaux a demandé de cesser de prélever de sa paie les cotisations retraite, avec cet argument : "La retraite, ça ne m'intéresse pas." Des anecdotes déversées par chariots dans les formations au "management intergénérationnel".

Selon le sociologue Bernard Petre, en 1492, Christophe Colomb découvre l'Amérique et les indiens qui l'habitent. Au même moment, les indiens découvrent Christophe Colomb. Les indiens ont aussi un avis sur Christophe Colomb mais personne ne leur demande. L'histoire de la génération Y, c'est l'histoire de Christophe Colomb et les indiens.

Dans l'histoire de la suprématie occidentale, l'autorité et le pouvoir étaient toujours dans le même camp. Le savoir allait avec l'âge, l'âge allait avec l'argent et tant qu'on avait pas l'un et l'autre, on avait juste le droit de se taire.

Aujourd'hui, les indiens ont internet et un avis.

Ce qui s'est passé depuis les années 90 c'est que l'individualité, le droit à être, le droit à s'épanouir montent en puissance dans les sociétés. Les jeunes générations sont déçues du passé et ne croient plus en l'avenir. Ils vivent là où le bonheur est possible, ici et maintenant. L'urgence de vivre et d'être heureux a remplacé le plan de carrière.  

Un jeune qui travaille c'est une personne qui va servir ses propres besoins et par effet périphérique, ceux des autres. Le Web, les réseaux sociaux, les sites collaboratifs sont l'addition de multiples individualités qui, par une addition aléatoire, créent un produit unique.   

Le plaisir est le guide absolu d'un jeune travailleur. Les jeunes sont à l'inverse de leurs aînés mais le plaisir ne sera pas le même pour chacun.

Dans les gros groupes qui sont accompagnés par des spécialistes, on n'empêche plus un jeune de nous quitter au bout d'un an pour un raison qui nous paraît dérisoire. Au contraire, on l'accompagne dans sa carrière pour qu'un jour il revienne après avoir fait ses expériences.

Contraindre un employé à rester pour des histoires d'argent, de carrière ou de pouvoir, est dépassé. 

Pour motiver et entraîner les jeunes générations, il faut s'intéresser à leurs talents et à leurs envies. Pour intégrer un jeune employé il faut écouter, observer et comprendre où se trouve son plaisir à travailler.

Le manager doit être désormais un facilitateur qui accompagne la réalisation d’un projet et non plus la figure hiérarchique détentrice de l’autorité. Il s’imposera naturellement par sa communication, son écoute, son respect et son exemplarité. Il est donc primordial d’impliquer les Y dans le développement de l’entreprise. Cela peut passer par des initiatives simples.

Manager cette génération, c’est avant tout manager une diversité, comprendre les envies des uns et des autres et y répondre pour favoriser l’épanouissement de chacun et donc de l’entreprise ; en gardant à l’esprit que nous sommes tous tournés vers le même objectif : s'épanouir en se faisant plaisir. L’enjeu actuel est d'accompagner cette génération du Y vers le « Why Not ».