GÉNÉRATION Z et VALEURS PERSONNELLES

Les attitudes des jeunes générations lors des embauches nous déconcertent. Par le passé, notre approche professionnelle ressemblait à une demande, à une requête, et nous étions prêts à faire de nombreuses concessions pour obtenir un emploi ; en quelque sorte, nous faisions acte de soumission. La mentalité des jeunes est à l’opposé : ils semblent tenir le « couteau par le manche », et ce sont souvent les employeurs qui doivent faire des concessions. Cette attitude est particulièrement marquée chez les informaticiens, forts de leurs compétences, face à des employeurs désemparés par tant de nouveautés. La connaissance technologique des jeunes leur confère un pouvoir immense, mais sans beaucoup d’expérience et de recul.

Gérer une telle situation exige une grande ouverture d’esprit. Si par le passé, la valeur « travail » occupait une place prioritaire pour la plupart d’entre nous, les générations X, Y et Z privilégient le sens qu’ils peuvent donner à leur vie et les moyens de se réaliser en tant que personne unique. Ainsi, les jeunes générations atteignent le dernier étage de la pyramide de Maslow : celui de l’auto-accomplissement, centré sur les besoins psychologiques de la personne, son pouvoir créatif, la possibilité de développer ses propres valeurs, d’avoir une vie intérieure, voire même une ouverture spirituelle.

Certains lecteurs penseront que ce sont là des considérations théoriques et que les êtres humains étant tous semblables, les différences générationnelles ne sont pas si importantes. Ce serait une erreur. Les jeunes générations sont confrontées à des problèmes existentiels qui n’étaient pas les nôtres à leur âge : l’avenir de l’humanité et de la planète, la procréation, l’envahissement des médias, l’intelligence artificielle… tout cela les plonge dans des prises de conscience plus profondes que celles d’il y a 30 ou 40 ans. L’expression « Si le fils amène la technologie, le père amène la science et la conscience » était valable en 1980, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les jeunes générations sont plus sensibles et plus enclines à nous rendre plus conscients de notre existence et de notre qualité de vie, avec toutes les valeurs qui les accompagnent et qui n’ont pas de prix, comme l’amour, la solidarité, l’empathie. En étant plus ouverts aux systèmes de valeurs des générations X, Y et Z, les employeurs pourraient adopter une meilleure attitude relationnelle, compréhensive et décisionnelle face aux attitudes parfois revendicatrices de certains candidats.

Pour entrer en contact avec les jeunes des générations X, Y ou Z, il est essentiel de comprendre leurs priorités, que nous appréhendons sous l’angle des valeurs personnelles. Les valeurs résument divers comportements humains fondamentaux : nos attitudes, nos croyances, notre idéologie, nos objectifs, nos principes de vie, qui sont à la base de nos actions. Elles se combinent avec nos sentiments, nos intérêts et nos caractéristiques personnelles. L’individu est capable de les hiérarchiser, et elles possèdent une structure universelle.

On peut dénombrer plus d’une centaine de valeurs, mais elles sont souvent superposables. Shalom H.A. Schwartz a mené des études statistiques d’analyse factorielle démontrant qu’elles peuvent se résumer en dix valeurs fondamentales et universelles : l’universalisme, la bienveillance, la tradition, la conformité, la sécurité, le pouvoir, la réussite, l’hédonisme, la stimulation et l’autonomie. Pour établir un profil du système de valeurs d’un individu, Schwartz a créé un questionnaire portant sur des portraits de personnes que le sujet doit classer selon ses préférences. Différents psychologues contemporains ont établi des tests sous forme d’inventaires ou de questionnaires verbaux. Cette conception de tests peut paraître fragile car les résultats dépendent souvent du degré de désirabilité qui anime le sujet (il est facile de deviner le but d’une question et de répondre pour faire plaisir), ou du niveau de compréhension du langage utilisé.

Nous utilisons donc un test des proverbes et de citations plus contemporaines, permettant de mieux refléter l’intériorité et les attentes profondes des sujets et reflétant une forme de sagesse populaire. Les proverbes sont en effet « la philosophie des peuples », ils contiennent les grandes dimensions du comportement humain et témoignent d’une hygiène de vie intérieure et sociale. Ils se sont développés dès le VIe siècle av. J.-C. et ont marqué notre subconscient. Ils s’associent à notre sagesse de vie personnelle et certaines personnes en font même des mantras.  Nous l’intégrons systématiquement à nos batteries et il est devenu avec le temps un incontournable chez ADÆPRO.

Les nouvelles générations redéfinissent les normes et les attentes dans le monde du travail, mettant en avant des valeurs personnelles et un désir d’auto-accomplissement. Pour les professionnels des ressources humaines il est crucial de comprendre et d’intégrer ces nouvelles priorités pour établir des relations professionnelles fructueuses et adaptatives. Cela implique une réévaluation continue des pratiques de recrutement et de gestion des talents pour favoriser un environnement de travail collaboratif et inspirant, et ainsi mieux répondre aux aspirations des jeunes.

 

 Charles Mottier

Thomas Louichon

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